Chine 1941. Henrietta a onze ans, elle vit très loin de ses parents dans un internat protestant fondé pour les enfants des missionnaires anglais. Une existence monotone ponctuée de petites bêtises, de tristes moments de solitude réconfortés par une complicité entre filles. Leur inventivité redoutable frise parfois l’inconscience. Sous l’occupation japonaise, élèves et professeurs sont bientôt déportés dans un camp d’internement très dur quil sera libéré par les Américains en 1945. La réalité inspire ce premier roman de Rebecca Mackenzie, fille de missionnaires anglais qui envoyaient leurs enfants dans des pensions et sillonnaient le pays avec leur bible. Le contexte historique des camps est également authentique. La narratrice, la petite Henrietta, raconte son histoire avec une légèreté, une subtilité qui oscillent entre un délicieux humour enfantin, jamais naïf, et « une faim de tendresse » déchirante. On découvre ce petit monde fermé côtoyant la Chine traditionnelle emportée dans le même bouleversement de la guerre. Très visuel, l’ouvrage débute dans la superbe région du Lushan aux mystérieux rochers noyés dans la brume et se poursuit dans l’aridité du sinistre camp écrasé de chaleur. De très belles pages évoquent la séparation, l’absence, le refuge dans le rêve et l’imaginaire. (V.M. et B.Bo.)
La Vie rêvée d’Henrietta
MACKENZIE Rebecca