Le jeune Nord-Coréen Jun Do, orphelin de mère, devient un « héros de la patrie » à la suite d’une série de missions réussies pour le compte de l’armée (espionnage, rapts, écoutes radio). Ses chemins le mènent en Corée du Sud, au Japon et au Texas où, en raison d’un malentendu, il est confondu avec le puissant Commandant Ga. De retour dans son pays, il est emprisonné et torturé. Le « Cher Dirigeant », Kim Jong-Il, décide, pour des raisons politiques, de lui faire endosser l’identité de Ga dans la vie réelle et ainsi de lui attribuer la femme et les enfants de ce dernier. À la fois analyse politique minutieuse et romance sentimentale, ce copieux roman d’Adam Johnson (Emporium, NB février 2005) lui a valu le prix Pulitzer en 2013. Sa construction en deux parties et l’emploi fréquent d’expressions nord-coréennes donnent à l’intrigue une couleur locale certaine qui retient l’attention, mais compliquent le suivi d’une trame où les descriptions des aventures des personnages ambivalents demandent un effort. Un grand travail de documentation sur cette république fermée et autocratique offre un aspect à la fois perturbant et attachant à cette peinture alambiquée du monde contemporain.
La vie volée de Jun Do
JOHNSON Adam