Dans la béatitude de ses quatre ans, Shahaab ne parle pas et ne comprend pas pourquoi toute la famille le traite de débile. S’il ne dit mot, il entretient pourtant de longs dialogues intérieurs avec ses deux compagnons imaginaires. Mais comment se faire comprendre sans paroles ? Seule sa mère décrypte son mutisme et le protège. Humilié de ce fils anormal, son père l’ignore et favorise son fils aîné. De l’incompréhension naît un profond sentiment d’injustice qui le révolte, bloque son épanouissement et le transforme en petit diable incontrôlable.
Dans une veine intimiste, Parinoush Saniee dresse le portrait d’une famille iranienne ligotée dans les convenances, otage du rigorisme social. En un bel équilibre, les confidences de l’enfant alternent avec celles de la mère et donnent le juste contrepoint au récit de ses réflexions et de ses mésaventures. Travailleur et autoritaire, le père est autant le tourmenteur de son fils que la victime des traditions et de l’honneur. Ce récit bouleversant d’un enfant incompris, raillé et privé d’affection, ménage cependant des situations assez cocasses. Par une écriture dense et imagée, le narrateur maîtrise un thème difficile. (M.R. et B.T.)