Dans les années soixante, c’est l’histoire d’une fillette surprotégée par sa mère ; scolairement brillante mais « muette » comme ce secret qu’elle ne cesse de chercher, contre l’avis de son entourage. Présence obsédante de l’usine, alcoolisme et bestialité du père, mépris des enfants riches, esprit de sacrifice maternel : même la visite tant attendue de la marraine « en vison » renforce le manque chez la fillette… Seul palliatif à cette angoisse : un doigt, rongé jusqu’à l’os. Tandis que sa mère omniprésente veut la mettre au Carmel par crainte des hommes et prépare sa propre fuite, l’enfant cherche avec une farouche obstination la sombre vérité… Geneviève Senger, ancienne infirmière et prolixe auteur d’ouvrages pour la jeunesse, a écrit Le Cigogneau (NB décembre1999). Apostrophant régulièrement le lecteur – « vous » -, elle porte dans ce mystérieux roman un regard très noir sur le monde humain, sale, mensonger et suspicieux. La cellule familiale n’a pas le beau rôle et, avec un ton quasi clinique, l’auteur dépeint les différents « intérieurs » de l’existence d’une enfant, qui obéit aveuglément à La voix de son maître…
La voix de son maître.
SENGER Geneviève