La voix et l’ombre

MILLET Richard

L’annonce du décès prochain de sa première épouse, cantatrice, a inspiré à Richard Millet une sorte de méditation sur le thème « ombre et voix ». La naissance serait-elle le point de départ de cette cohabitation entre deux concepts alors que, brusquement expulsé au grand jour, le nouveau-né est accueilli par les cris de la mère auxquels il mêlera bientôt les siens ? La vie, vouée à la mort, voit se nouer et se dénouer cette alliance singulière dans laquelle les autres et le monde extérieur interviennent par leurs propres bruits et paroles. La pensée de l’auteur qui, ici « confie sa voix à l’écriture », est le plus souvent d’un abord difficile, ce qui n’était pas le cas dans La fiancée libanaise (NB novembre 2011). Elle s’exprime élégamment dans de courts chapitres – un peu décousus malgré le fil conducteur – et, traversée par de belles fulgurances, joue bien du paradoxe et offre de stimulantes références à de nombreux écrivains, peintres, chanteurs ou musiciens.