Bordeaux. Années cinquante. Augustin, quinze ans, timide et rêveur, mène entre des parents travailleurs, bohêmes et peu attentifs, une existence banale et ennuyeuse. Il est fasciné par son condisciple Juredieu, extraverti, brillant, peu scrupuleux, qui l’entraîne à jeter sa gourme entre alcool, filles légères et menus actes de délinquance. Mais il est aussi éperdument épris d’une jeune danseuse de vingt ans. Jean Forton, écrivain injustement oublié, est mort en 1982. Réédité, son roman Les Sables mouvants (NB novembre 1997) avait reçu un bon accueil. Et ce manuscrit inédit retrouvé par sa veuve est une heureuse surprise. Il s’agit bel et bien d’un roman abouti, écrit d’une plume incisive et classique, sur les aspirations, les ambiguïtés et les contradictions de l’adolescence, la tentation de franchir les lignes mais aussi le déséquilibre entre appétit charnel et amour platonique. Tout cela sur fond de petite vie familiale et provinciale passablement étriquée et endormie, atmosphère fort bien décrite, à laquelle l’introduction de quelques personnages pittoresques, les frasques des deux héros et la transformation d’un wagon désaffecté en QG viennent ajouter un peu de piquant. Un sujet universel et toujours actuel.
La vraie vie est ailleurs
FORTON Jean