L’affaire des coupeurs de têtes

La liesse des habitants de Kita, au Mali, venus accueillir leur équipe de football, retombe vite quand le corps sans tête d’un mendiant est découvert. Le soir même l’apparition d’un être mystérieux, vêtu d’une tenue scintillante, ajoute à l’angoisse de toute la ville. Le lendemain on retrouve un autre corps décapité. Entre les rappels à l’ordre moral et religieux, formulés par le conseil des notables, et les émeutes des jeunes, le commissaire Dembélé et son adjoint sont vite débordés. Bamako envoie à la rescousse le commissaire Habib, originaire de la ville, mais qui sait rester sourd aux pressions locales. C’est le dernier roman de Moussa Konaté, mort en 2013 et la dernière enquête du commissaire Habib (Meurtre à Tombouctou, NB juin 2014). Son intérêt réside dans la description d’une Afrique tiraillée entre la puissance des traditions relayées par les ancêtres ou les imams et les aspirations d’une jeunesse happée par le matérialisme et la jouissance. Irrationalité, mythes, coutumes contre modernité et mondialisation, et rivalités tribales assumées dans la bonne humeur. Si le suspense n’est pas au rendez-vous, l’auteur réussit à dresser le portrait d’un pays en pleine mutation dans une langue colorée et pleine de charme avec un humour bienvenu. (L.C. et M.S.-A.)