Dans Le Chien des Baskerville de Conan Doyle, Sherlock Holmes attribue Ă un homme au chien fĂ©roce lâassassinat de Charles de Baskerville. Pierre Bayard nâadhĂšre pas Ă cette thĂšse du « chien tueur » car, confrontant les indices, il conclut que lâenquĂȘte du dĂ©tective fut inconsciemment manipulĂ©e par un individu malĂ©fique de second plan afin dâaccuser une personne trĂšs ciblĂ©e de lâhistoire.
Â
Vu par l’auteur, Le Chien des Baskerville serait le thĂ©Ăątre dâun « meurtre par littĂ©rature », oĂč un des protagonistes du roman Ă©chapperait au contrĂŽle de son crĂ©ateur pour dĂ©cider de son propre destin. Circulant entre le monde rĂ©el et celui de la fiction, les personnages des livres ont une vie propre et peuvent prendre possession de lâhistoire. Derechef, Pierre Bayard sert un ouvrage original sâinscrivant dans le cycle de la « critique policiĂšre », amorcĂ©e par Qui a tuĂ© Roger Ackroyd ? La dĂ©monstration est brillante. La lecture facile et fluide. Lâhumour feutrĂ©. Lâauteur rĂ©ussit par une agilitĂ© de lâesprit et de lâĂ©criture Ă tourner en intrigue policiĂšre un exercice de critique littĂ©raire ; car enfin, qui a tuĂ© Charles de Baskerville ?