1963. Les Rosenblatt, juifs athées d’origine russe, sont depuis peu établis à Dallas : un grand-père gâteux, un père avocat sans clients, une mère maniaque de l’hygiène. Leur fils aîné, dix ans, les observe sans indulgence. Il déteste son cadet, huit ans, gamin hyperdoué et teigneux, véritable encyclopédie, au langage ordurier. On crie beaucoup chez les Rosenblatt ! Fauchés et gauchistes dans un quartier huppé, ils n’ont pour amis qu’un jeune couple de paumés : le mari, un ancien marine qui, attiré par le communisme, a trouvé une épouse en URSS, sera bientôt célèbre, tandis qu’approche Thanksgiving. C’est le deuxième roman de Joel Haroche, d’abord avocat, puis éditeur. Le récit est vivement conté, dans le langage d’un adolescent – l’aîné en est le narrateur, censé écrire cette incroyable aventure quand il a seize ans. Son sens de l’observation est aigu et son humour constant confine souvent au burlesque. Les personnages, condamnés à vivre ensemble, sont certes caricaturaux, mais pittoresques et alertement campés. Lier la vie médiocre d’une famille un peu cinglée, mais sans histoire, à la grande Histoire se révèle une excellente idée, très habilement mise en scène. Et la dernière ligne, cerise sur le gâteau, offre encore une surprise… (P.S. et M.-C.A.)
L’Affaire Rosenblatt
HAROCHE Joel