L’agent du chaos

Auteur d’une nouvelle sur un mystérieux espion, un écrivain italien rencontre à Rome un avocat américain cosmopolite, Flint, qui prétend lui révéler la véritable histoire de son personnage, Jay Dark. Celui-ci, agent de la CIA, était chargé d’infiltrer les ligues étudiantes américaines contestataires entre 1960 et 1980, leur fournissant LSD et autres opiacées. Serait-il encore vivant ? Histoire d’un loubard pris en charge par un psychiatre nazi, formaté par lui pour une mission bien réelle « MK Ultra », faisant fortune puis disparaissant après des années d’aventures rocambolesques…  Alternant fiction et réalisme, ce roman noir fait revivre, avec force détails, vingt années de l’histoire américaine. Dans un premier temps, l’auteur (Rome brûle, NB octobre 2016) survole tous les mouvements sociaux et hippies, les milieux intellectuels, Harvard, la guerre du Viêtnam, les ghettos noirs, puis élargit son propos avec les révoltes de 1968. Les trafics de drogues, le blanchiment de sommes gigantesques par des banquiers et des avocats complices figurent parmi les plus aimables passages du volume. Une écriture fluide et enlevée soutient le récit des événements dont la proximité temporelle – on reconnaît presque tous les grands personnages de l’aventure culturelle – tendrait à fatiguer le lecteur. Malgré tout, l’histoire reste captivante. (M.Bi. et F.L.)