L’aiguillon de la mort

SHIMAO Toshio

Écrivain, enseignant, le narrateur entretient depuis longtemps une maĂźtresse rĂ©guliĂšre. Quand sa femme le dĂ©couvre, elle accable son mari de reproches, exigeant qu’il lui avoue tout, jusque dans le moindre dĂ©tail. BientĂŽt l’interrogatoire tourne au harcĂšlement. Chaque aveu concĂ©dĂ© appelle de nouvelles questions, relance les soupçons, entraĂźne une surveillance accrue. Crises de jalousie obsessionnelles, disputes d’une extrĂȘme violence et rĂ©conciliations passionnĂ©es s’enchaĂźnent au quotidien. La vie du couple, qui a deux jeunes enfants, devient un cauchemar : elle compromet la vie professionnelle du mari et met en pĂ©ril l’équilibre mental de tous. Lentement, les dĂ©sordres psychologiques de la femme s’imposent Ă  l’homme : il l’accompagne jusqu’à partager sa chambre d’hĂŽpital. À la suite de Shimao, dont c’est le drame personnel, le lecteur est entraĂźnĂ© dans une interminable oscillation entre la culpabilitĂ© d’un mari cherchant le pardon d’une Ă©pouse aimĂ©e et l’enfer de l’incomprĂ©hension qu’induit le refus d’une dramatique Ă©vidence. L’inexorable descente aux limites du supportable dans la banalitĂ© du quotidien familial se mĂȘle de façon poignante Ă  la poĂ©sie d’un Japon urbain aujourd’hui disparu. Inclassable en raison de sa longueur et de son dĂ©calage dans le temps – il fut Ă©crit dans les annĂ©es soixante –, ce texte autobiographique est d’une trĂšs grande qualitĂ© littĂ©raire.