L’aimer ou le fuir

MALHERBE Delphine de

Colette s’adresse à un psychanalyste, promettant de « tout lui dire ». Elle a quarante-sept ans, son beau-fils, Bertrand de Jouvenel, dix-sept. Il vient de lui déclarer qu’il l’aime et, ce qu’elle trouve terrible, c’est qu’elle l’aime aussi. Se refuser ? Se donner ? Elle hésite. Son interlocuteur la trouve scandaleuse ? Elle assume, le provoque, revendique son statut de femme libre, remonte dans le passé, évoque sa vie avec Willy, la rencontre de Missy, son apprentissage de mime et son passage au music-hall.

 

Avec l’objectif de ne pas trahir Colette, l’auteur imagine ses pensées à la veille de sa liaison de cinq années avec le fils de son second mari. Elle a relu l’intégralité de l’oeuvre de la romancière, consulté films et livres qui lui furent consacrés, s’est spécialement inspirée de La Vagabonde. Il faut s’habituer au discours, fiévreux, haché, puis on se laisse prendre par ce personnage de femme vieillissante, à la fois exaltée et lucide devant la décision à prendre. Un portrait servi par un style élégant.