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En 1990, à Alger, Zakaria, journaliste qui a cessé de plaire au pouvoir quand les massacres de 1988 lui ont ouvert les yeux, se retrouve seul et menacé de mort. De son balcon, il plonge dans la vie de ses voisins. Il renoue avec l’écriture pour raconter la vie – ou ce qu’il en devine – de Nasser, brave fonctionnaire, condamné lui aussi par les imams intransigeants, celle de Malika la prostituée, celle d’Aziz, le génial bricoleur…
Verve, humour, sincérité et générosité nourrissent ce roman de Fellag qui fait sourire, à l’image de Rue des petites daurades (N.B. avr. 2001). Le langage est direct, imagé mais sans fioritures, ce qui n’exclut pas des envolées lyriques lorsqu’il évoque la machine à fabriquer de l’alcool et des « rêves berbères ». Les deux thèmes récurrents de l’eau, distribuée seulement six heures par semaine, et du vin, consommé ad libitum par tous ceux qui vivent mal ce régime terrifiant, s’imposent comme une métaphore – à l’optimisme incertain – d’un monde absurde et déchiré.