La guerre de 1914 éclate, deux jeunes Italiennes s’engagent comme infirmières. L’une, généreuse, solide, vient du Nord. L’autre, Maria Rosa, aristocrate napolitaine, veut surtout quitter sa famille. Elles se retrouvent derrière les lignes. Elles lavent, soignent blessés et mourants, assistent les chirurgiens, subissent les bombardements. L’horreur est quotidienne. Elles trouvent un peu de réconfort dans un amour réciproque, avant d’être séparées. Elisabetta Rasy (Un hiver à Rome, NB janvier 2014) s’est inspirée de journaux d’infirmières pour rendre dans tous ses détails l’atmosphère terriblement éprouvante d’un hôpital de campagne d’alors. Il est dommage que cette évocation réussie soit affadie par l’histoire de la famille de Maria Rosa ; elle encadre le récit, se prolongeant inutilement jusqu’à nos jours. Au-delà du rappel saisissant et répétitif des abominations de la guerre, ce court roman, partagé entre romantisme un peu désuet et témoignage fort, évoque aussi l’accès à la liberté que représentent le volontariat des deux héroïnes et leur aventure amoureuse interdite. À cette époque des suffragettes, l’une espère devenir médecin, profession masculine, l’autre veut échapper à la contrainte de son milieu. Le courage et le dévouement des deux infirmières sont très bien évoqués dans un récit vivement mené. (M.W. et A.-M.D.)
L’amie des jours en feu
RASY Elisabetta