Sur sa péniche, Odon attend Mathilde. Cinq ans qu’elle est partie ! La comédienne, devenue célèbre, revient sur les tréteaux d’Avignon dans la torpeur d’un festival ébranlé par les grèves. La jeune Marie, elle, est venue de Versailles, pleine de larmes et de fureur, entendre la pièce écrite par son frère Paul et montée par Odon. Or Paul est mort et Marie veut savoir pourquoi. Trouvera-t-elle en Avignon réponse à ses questions ? Une centaine de pages durant, Claudie Gallay élague et rabote ses phrases jusqu’à risquer, parfois, une sobriété âpre où l’on ne retrouve pas la musicalité des Déferlantes (NB mai 2008). Puis les phrases se déploient au fur et à mesure que les sentiments et les émotions gagnent en profondeur et que croît l’intensité dramatique. Voici un roman très sombre sur la culpabilité et le rachat des fautes, la propriété intellectuelle et la frontière sans cesse déplacée entre le texte et l’interprétation du metteur en scène et de ses comédiens. Dans un décor que hantent les fantômes de Jean Vilar et du TNP, la romancière livre un récit où se mêlent réalité et illusion théâtrale et donne à réfléchir sur le “paradoxe” du comédien.
L’amour est une île
GALLAY Claudie