L’amour fou

Elle rencontre X. Il est l’homme attendu, désiré, l’incarnation de son idée de l’amour. Lui se dérobe, revient, alterne espérance et déceptions et suscite plus encore de douloureuses interrogations. Alors, de voyages en rencontres provoquées, elle le poursuit, contrôle sa jalousie, essaie de se conformer à ses besoins de liberté, de perversité ou de masochisme bien maîtrisé. Sur ce thème bien rebattu, l’auteur a composé un oratorio profane à deux voix, interprété par la femme qui aime, d’abord à la troisième personne, puis plus directement à la première et à la deuxième quand « elle » commence à se détacher. Chacun psalmodie, les tessitures étant rarement accordées dans cette mélancolique partition tout en contre-chant. L’icône des « sixties », d’une écriture élégante et sensible, suggère une gamme d’émotions, exprime avec pudeur ses pulsions amoureuses et distancie son parcours affectif réel ou fantasmé dont on perçoit cependant les cassures. On peine à saisir le caractère des protagonistes hésitants qui évoluent dans un monde flou mais très actuel. Ils quittent l’histoire sans bruit.