On grandit quand on entre en sixiĂšme ? Non ! Dit Zouz… et il raconte le dĂ©part brutal de sa mĂšre, le jour de ses huit ans, lâabsence quasi-constante de son pĂšre, la tutelle affectueuse de Kay et de son compagnon Vincent ; Ă lâĂ©cole, lâamitiĂ© indĂ©fectible de Faysal, mais surtout, Josie, son premier amourâŠ. « Le vert paradis des amours enfantines » est trĂšs joliment dĂ©crit dans ce court roman : la dĂ©couverte des sentiments, leur Ă©vidence partagĂ©e, les gestes de la tendresse, puis, quand vient le dĂ©samour, le chagrin quâon croit dĂ©finitif. Lâanalyse, fine, est mise en mots crĂ©dibles dans la bouche dâun enfant qui surprend nĂ©anmoins par sa maturitĂ©. Ăvitant les clichĂ©s, elle touche par sa pudeur. En revanche, le traitement du contexte laisse perplexe : peut-on croire que deux enfants vivent si sereinement leur abandon, sans rancune ni dĂ©rive ? Peut-on, sans angĂ©lisme, balayer toute interrogation sur lâhomosexualitĂ© puisquâon choisit de lâĂ©voquer ? Câest dommage parce que Thomas Gornet Ă©crit un vrai roman dâanalyse dont la construction rĂ©trospective assure la cohĂ©rence.
L’amour me fuit
GORNET Thomas