Ă Nice, dans le cimetiĂšre perchĂ© au-dessus de la mer, un homme cherche les traces dâun poĂšte russe exilĂ©. Il fait la rencontre dâun vieil homme venu retrouver dans ce lieu la lumiĂšre, la mer et le souvenir dâune femme aimĂ©e. Cet homme, Valdas Bataeff, un Russe blanc Ă©migrĂ©, se dĂ©voile peu Ă peu et rĂ©vĂšle une vie bouleversĂ©e par deux guerres, une rĂ©volution et lâexil.
Dans ce court roman, AndreĂŻ Makine (Lâami armĂ©nien, Les Notes janvier 2021) Ă©voque, avec une grande sensibilitĂ©, un passĂ© balisĂ© par toutes les atrocitĂ©s dâun siĂšcle meurtrier, mais que contrebalance lâĂ©vocation dâun amour clandestin. Les soubresauts de lâHistoire sont observĂ©s Ă hauteur dâhomme, selon leur effet sur la vie de Valdas dont seule la personnalitĂ© est travaillĂ©e, tandis que les autres figures semblent effacĂ©es. Pour Ă©chapper Ă la fureur du monde, le hĂ©ros se rĂ©fugie dans ces instants volĂ©s au temps du calendrier julien, quinze jours de moins que le grĂ©gorien imposĂ© par les BolchĂ©viks. Cette parenthĂšse heureuse scande le livre Ă lâĂ©criture dĂ©licate et poĂ©tique. Une histoire dâamour hors du temps, prĂ©servĂ©e des infamies du temps, dont il ne subsiste que lâinfinie nostalgie. (L.C. et M.Bo.)