Jacob grandit dans un bordel du Caire où sa mère, Yéménite, travaille. À dix ans, son père, Libanais fortuné, le récupère et le fait instruire dans un orphelinat chrétien de Beyrouth. Adulte, il trouve à San Francisco, dans les années sida de 1980, l’épanouissement de son homosexualité. Mais dans un hôpital psychiatrique, terrassé par la violence de ses souvenirs, Jacob débat avec ses compagnons de toujours : Satan qui lui conseille d’organiser une mémoire constructive, Mort qui préconise son anéantissement. Et depuis l’enfance, Jacob écrit des poèmes… Pour cerner toute la richesse de ce roman original, érudit et perturbant, le lecteur doit louvoyer au long de chapitres au titre évocateur, tous écrits à la première personne. Jacob y raconte, avec un réalisme qui peut choquer, ses pratiques extrêmes et perverses de sadomasochiste mais aussi ses échanges emplis d’humour et d’imagination avec des personnages protecteurs du panthéon chrétien et islamique. L’auteur (Les vies de papier, NB novembre 2016) rythme des phrases aux images poignantes, parfois magiques et toujours poétiques. Elles enluminent le parcours déchirant d’un homme en lutte contre lui-même qui, éclairé par l’Ange, cherche sa vérité. (A.C. et B.T.)
L’Ange de l’histoire
ALAMEDDINE Rabih