La famille d’Halis vient de Turquie. Ce sont des couturiers installés à Paris. Il est gros et complexé, et dans sa classe de Sixième on se moque de lui. Aussi quand en cours d’année il apprend qu’une nouvelle élève arrive et qu’elle est en situation de handicap, il espère secrètement que ce sera elle la nouvelle « tête de turc ». Camille vient d’arriver à Paris, c’est la joie de vivre, un tourbillon… mais sans bras. Et parce qu’on ne se limite pas à son apparence, ces deux-là ont bien des choses en commun et vont vite se trouver.
Deux enfants différents, deux personnages étonnants et attachants. L’écriture cinématographique permet de ressentir comment Halis maîtrise les étoffes et la couture, il créera des costumes magnifiques pour un concours. On visualise aussi Camille écrivant et mangeant avec ses pieds qui font office de mains, comment elle s’habille avec les dents, comment elle nage comme une anguille (d’où le titre). Mais le roman se positionne dès les premières lignes du côté de la fiction ; c’est toute la force de l’imagination et la puissance des personnages qui nous embarquent vers d’autres mondes. La romancière avait déjà abordé le thème d’un personnage sans bras dans un roman pour adultes, Murène, paru en 2019 chez Actes Sud. (A.E. et P.E.)