Invitée à une rencontre littéraire par le maire d’une petite ville du Sud-Ouest, une romancière éprouve un sentiment étrange. Certaines questions du public sur ses romans, où l’animal occupe une grande place, lui semblent décalées. Son désarroi s’accroît quand, après une soirée arrosée, elle se réveille dans une maison forestière isolée, avec deux personnes à son service, incapables d’expliquer pourquoi elle est là. Il n’y a pas de réseau téléphonique et elle se souvient d’ombres s’agitant autour d’elle pendant son sommeil. De multiples animaux naturalisés décorent le salon. Cauchemar ou plaisanterie ? Un humour discret et quelques incursions dans le fantastique sous-tendent cette aventure originale menée avec intelligence par un auteur (Un roman anglais, NB septembre 2015) qui maîtrise bien son art et son sujet. Le récit se fraie doucement un chemin au milieu des malentendus, mélangeant avec délectation la fascination pour la force bestiale chez un mystérieux groupe d’administrés et l’inspiration poétique que suscite l’animal chez la romancière. La dynamique qui en découle est irrésistible : des ficelles sous-jacentes – mégalomanie, complots, domination, soumission – sont habilement tirées. L’héroïne, une jeune femme empêtrée dans ses contradictions, lucide mais préférant ses pulsions un peu troubles à une fuite salutaire, complète ce roman finalement léger et distrayant. (A.Lec. et A.-M.D.)
L’animal et son biographe
HOCHET Stéphanie