New York, 30 décembre 2003. Au moment de passer à table, le mari de Joan Didion – écrivain lui aussi – s’effondre, victime d’une attaque coronarienne foudroyante. Il meurt dans l’instant, tandis que leur fille unique se trouve dans une unité de soins intensifs, inconsciente depuis cinq jours. Peu après, l’auteure note quelques lignes relatives à l’extrême précarité de l’existence, puis n’écrit plus un mot pendant neuf mois. Confrontée au vide, à l’absence infinie, déchirée de part en part, elle s’attache aux minuscules progrès de sa fille et se persuade du retour imminent de son compagnon de toujours. Mais la réalité sans cesse la rattrape, par vagues de douleur intolérable. Journaliste et romancière (Cf. Maria avec et sans rien, NB mai 1973), Joan Didion traduit avec une remarquable lucidité les sentiments qui l’ont traversée durant cette année de deuil. Sous une plume à la fois généreuse et mesurée où se bousculent des flots de souvenirs, elle évoque la culpabilité, le déni, le calendrier vécu à rebours jusqu’à rendre fou et la délivrance enfin, par l’écriture.
L’année de la pensée magique
DIDION Joan