2012. Victor-Vong, trente-six ans, peintre rejeté par le milieu artistique parisien, part au Cambodge, sa terre d’origine, espérant relancer sa carrière. Métis, il est né à Paris d’une jeune Khmer réfugiée du régime de Pol Pot, morte peu après sa naissance. Pour les quatre-vingt-dix ans de Norodom Sihanouk, il propose, avec une équipe de jeunes étudiants-artistes, de réaliser une exposition de quatre-vingt-dix portraits de Cambodgiens anonymes. Mais le long procès des Khmers rouges est toujours en cours et ce projet apparemment sans problème va se heurter à des retombées politiques provoquées par un des étudiants et le collectif des familles des victimes du génocide. La presse s’empare de l’affaire… Marc Trillard (Les Mamiwatas, NB octobre 2011), prix Interallié 1994 (Eldorado 51), situe en général ses romans dans des pays postcoloniaux. La description précise de la torture et de l’extermination de millions de Cambodgiens peut mettre mal à l’aise mais on comprend pourquoi, trente-cinq ans après, les survivants et leurs descendants veulent que justice soit faite. On s’intéresse aux stratégies des forces politiques en présence autour du projet opportuniste et égocentrique d’un héros dépassé par les événements, mais la longueur et la construction un peu confuse du récit risquent de décourager le lecteur. (F.G. et D.A.)