Femme de mĂ©nage Ă Bragança, Maria da Graça est soumise aux exigences Ă©rotiques de Monsieur Ferreira, son patron esthĂšte et Ă©rudit. ĂpuisĂ©e par cette double tĂąche, elle est cependant quasi consentante. Elle tente de supprimer discrĂštement un mari, peu encombrant mais loin de satisfaire ses appĂ©tits sexuels, et demande au ciel conseils et secours, en particulier Ă saint Pierre dont elle rĂȘve chaque nuit. Elle accroĂźt son maigre salaire en assurant des veillĂ©es funĂšbres avec son amie Quiteria. Celle-ci sâattache Ă un jeune Ukrainien immigrĂ© qui a du mal Ă vivre loin de ses parents, et surtout de son pĂšre aux obsessions inquiĂ©tantes. Dans ce roman, trĂšs fort et trĂšs prenant, lâauteur dĂ©nonce lâabsurditĂ© de la condition humaine chez des ĂȘtres sans structure, sans culture, sans avenir, toujours victimes dâhumiliations. Une ponctuation rare et lâabsence de majuscules illustrent lâĂ©crasement de cette population pauvre, rĂ©signĂ©e, voire dĂ©racinĂ©e. Aucune lueur nâĂ©merge de cette dĂ©sespĂ©rance : le rĂȘve lâaggrave, tandis que le ciel se tait. Seule la sexualitĂ© trĂšs prĂ©sente semble rĂ©pondre Ă cette situation tragique. Vision apocalyptique, encore que les dialogues entre les deux femmes soient savoureux et souvent drĂŽles dans leur absence de tabous.
L’apocalypse des travailleurs
MĂE Valter Hugo