L’appât

SOMOZA José Carlos

La police madrilène exploite une théorie selon laquelle le théâtre shakespearien serait fondé sur cette notion : chacun de nous est mû essentiellement par un désir qui devient irrépressible lorsqu’on lui présente l’objet de ce désir. Des codes ont ainsi été définis, il y a cinq cents ans, qui permettent de former aujourd’hui, par la pratique du théâtre, des « appâts », entraînés à simuler, par des postures ou « masques », les stimuli qui déclencheraient le psynome des grands criminels, les obligeant à se démasquer. Or Diana, le meilleur de ces appâts, doit voler au secours de sa soeur tombée aux mains d’un psychopathe.

 

Jose Carlos Somoza, qui s’inspirait dans La Clé de l’abîme (NB octobre 2009) de l’oeuvre de Lovecraft, le maître du fantastique, met en scène une analyse fictive de Shakespeare. Une intrigue diabolique magistralement menée et une construction machiavélique à plusieurs niveaux ne laissent aucun répit. L’auteur nous balade, ouvrant une piste pour aussitôt, à l’instar de son auteur favori, montrer qu’il nous a abusés. Qui est victime, qui est bourreau ? Et d’ailleurs, comme disait le Maître, qu’est que la Réalité ?