L’appel de l’ombre : puissance de l’irrationnel

(Bien) raisonner nous est nécessaire, mais pas seulement : l’irrationnel joue son rôle mystérieux et indispensable dans le psychisme humain. Et Thérèse Delpech de citer avec autant de verve que de culture des exemples de pensée irrationnelle, tirés de la Bible (Jonas, Melchisédech), de Shakespeare (Le roi Lear, Hamlet), de la Grèce antique (L’Iliade, Platon), des rêves, de la théologie (le dogme de la Trinité), de la littérature, de la physique moderne qui bouleverse le bon vieux principe de causalité et établit le chaos…

Ce constat posé et illustré, que faire de cet « appel de l’ombre »? Ne pas l’oublier ? Le reconnaître ? Le développer ? Quelques exemples mettent en évidence l’importance de l’irrationnel dans la vie psychique et l’équilibre du moi et du corps social. D’autres, emplis de folie sanguinaire, en montrent les effets terrifiants. Un peu déconcerté, le lecteur passe d’une histoire à une autre, s’instruit ou se remémore, sans saisir la finalité de cette démonstration nourrie de psychanalyse. Ironique, parfois moqueuse, ce qui ajoute au désarroi, Thérèse Delpech, après un Ensauvagement (NB janvier 2006) plus clair, livre ici un message qu’elle juge capital, enveloppé des clartés de la nuit.