Dans la cour, il y avait un arbre. Dans lâusine dĂ©saffectĂ©e, il y eut, Ă partir de 1942, une famille entiĂšre, cloĂźtrĂ©e. Et une adolescente qui Ă©crivait son Journal et regardait lâarbre. Saison aprĂšs saison, lâarbre grandit, la jeune fille disparutâŠ
Le sous-titre et la postface donnent la clef de lecture de cet album en rappelant qui fut Anne Frank et ce quâil advint du marronnier tĂ©moin de son enfermement. Lâalbum imagine avec une Ă©motion contenue ce tĂȘte-Ă -tĂȘte silencieux, fait de curiositĂ© puis de tendresse. LâoriginalitĂ© du texte est dâavoir portĂ© un mĂȘme regard attentif sur la jeune fille et sur lâarbre dont le point de vue relaie la voix narratrice. Câest aussi dâavoir gommĂ© les Ă©lĂ©ments anecdotiques de la tragĂ©die, comme oubliĂ©s au profit dâun rĂ©cit Ă©purĂ© emblĂ©matique. Lâarbre, vecteur de mĂ©moire et protĂ©gĂ© comme tel, meurt foudroyĂ©, menacĂ© dâoubli comme les hommes. Les images sĂ©pia estompĂ©es suggĂšrent cette fragilitĂ© ; elles alternent les plans rapprochĂ©s, jouent sur les cadrages, inclinent les perspectives pour inscrire dans le papier la subtilitĂ© de ce dialogue. Le souvenir sâenracine, malgrĂ© lâusure du temps, par de telles rĂ©Ă©critures. (C.B.)Â