L’arbre d’obéissance

BAQUÉ Joël

Tillina, petit village copte. À seize ans, Théodoret sent l’appel de Dieu et rejoint un monastère. Le départ du foyer est violent, tout comme l’acclimatation au monastère. Cependant, c’est là qu’il découvrira un appel bien plus radical, celui de l’ascète solitaire Syméon. Devenu copiste, puis évêque de Cyr, Théodoret écrit la vie de son ancien compagnon, qui mourut au sommet de sa colonne de stylite…  Le narrateur, Théodoret, tente de comprendre la nature et le sens de l’appel vécu par Syméon, fasciné, jaloux peut-être de l’absolu du destin qu’il a lui-même tenté d’atteindre. Ses descriptions sont d’un réalisme qui va jusqu’à l’horrible. « Chercher Dieu dans la souffrance », cela signifie la déchéance physique, une saleté à l’odeur innommable, des asticots dans les ulcères ; rien n’est épargné au lecteur ! La description des habitudes du monastère est si cruelle qu’elle s’apparente à une satire, et on est enclin à penser que Dieu en est absent. Cet excès de mortifications ne serait-il pas de l’orgueil ? Alors pour le combattre, faut-il empirer le traitement ? Derrière ce ton candide (La fonte des glaces, NB novembre 2017), la vérité semble toujours s’échapper. Un livre énigmatique et impressionnant retraçant la vie authentique de Syméon le stylite. (E.B. et A.-M.G.)