Dans une campagne doucement vallonnée, un arbre ; non loin de là, un village. Au gré des saisons, les enfants, les vieillards et les amoureux profitent de l’ombre tutélaire, dans une douce connivence. Un jour, des hommes amènent un poteau : noir avec, tout en haut, des moignons rabougris. Qui pourrait s’intéresser à lui ? L’arbre s’en émeut, tend une branche, une racine. Les hommes coupent court à ces familiarités. Un petit oiseau, heureusement, enfreint la règle et construit son nid… dans les bras du poteau.
Une histoire de solitude : celle du poteau mal-aimé ; puis une histoire d’amitié qui naît de l’empathie de l’arbre pour cet avatar de lui-même. Les hommes n’ont pas le beau rôle : ils imposent à la nature une distorsion douloureuse dont elle fait fi. Le format à l’allemande qui éloigne l’arbre du poteau matérialise l’espace que franchissent les coeurs. Le récit délicat, au lettrage estompé –presque à l’excès – inscrit l’histoire dans la durée des saisons. Il accompagne des saynètes statiques où le crayon et le collage dessinent dans des camaïeux pastel les moments clés. Un album pour rêver et méditer.