En 1546, un shah d’Hindoustan envoie par bateau un précieux cadeau à Soliman le Magnifique : Chota, un éléphanteau albinos. Jahan, douze ans, orphelin, refuse d’être séparé de l’animal auprès duquel il a été élevé. Il se glisse à bord et parvient à force d’astuce et de volonté à prendre la place du cornac. À Topkapi, la fille du sultan s’entiche de l’éléphant blanc et le jeune dresseur tombe amoureux de la princesse. Sinan, le très célèbre architecte en chef du sultan, a remarqué les dispositions de Jahan et décide d’en faire son élève. Elif Shafak (Crime d’honneur, NB juillet-août 2013) dépeint les douceurs et les violences d’Istanbul au XVIe siècle avec les couleurs des miniatures orientales : jardins et champs de bataille, palais, mosquées, magnificence et décrépitude. Dans ce décor fabuleux, le héros, toujours en quête d’un bonheur simple et industrieux au service de l’art et de la beauté, est confronté aux injustices, jalousies, inégalités, croyances et superstitions. Son parcours initiatique semé d’embûches s’étire sur près de cent ans ! La progression de l’histoire s’étire un peu lentement parfois, mais on prend plaisir à suivre les destinées des personnages fictifs ou historiques de ce beau conte philosophique et humaniste. (T.R. et A.-M.D.)
L’architecte du sultan
SHAFAK Elif