Des appels à l’enrichissement de Guizot jusqu’au krach de 2008, le brillant économiste et universitaire Jacques Marseille décrit minutieusement l’histoire des rapports des Français avec l’argent et leur influence sur la notion de pouvoir d’achat. Faisant fi de nombreuses idées toutes faites, il dénie le paupérisme du XIXe siècle cher à Zola, critique la crispation systématique devant l’inflation, l’assimilation erronée entre pauvreté et inégalité… Plus consensuelles sont ses démonstrations sur l’aberration d’une certaine fiscalité (ISF, niches…), des avantages salariaux de dirigeants.
Rappelant La guerre des deux France : celle qui avance et celle qui freine (N.B. avril 2004), cette étude approfondie, assimilable à une thèse très argumentée, ne craint ni le paradoxe – y compris dans son « utopie » conclusive –, ni l’humour. Elle est appuyée par une multitude de chiffres, de pourcentages, de comparaisons dans le temps et l’espace, d’enchevêtrements entre les monnaies (anciens francs, francs lourds, euros). Si cet excès est nécessaire pour convaincre, il finit par lasser. D’autant qu’il faut de l’attention pour assimiler certains des thèmes abordés et pour mobiliser les notions économiques, financières et historiques préalables à leur compréhension. Tableaux et graphiques en annexes complètent les notes de fin d’ouvrage sans toujours éclaircir une somme difficile mais enrichissante.