Sur Terre, chez Francisque, deux piliers de bars se saoûlent en commentant l’actualité. L’un, René, est fasciné par les espaces intergalactiques. Il va être servi: en sortant, il croise la route d’un homme flanqué de trois étranges bestioles, qui l’identifient comme étant Valérian, le célèbre agent spatio-temporel. René ne se souvient de rien? C’est normal, son esprit a été « téléinterné » dans son corps actuel par un de ses ennemis, dix ans auparavant. C’est parti pour une grande aventure afin de restaurer son intégrité.
L’album réussit un syncrétisme étonnant entre l’univers de Valérian – ses espaces infinis, sa faune bigarrée – et celui de Larcenet – l’univers sordide de la banlieue, sa tendresse pour les laissés pour compte. René, moche et médiocre, joue le rôle du naïf version minable dans ce space opera où le rêve peine à trouver sa place: les extra-terrestres ont certes des physiques et des méthodes exotiques, mais leurs modes de fonctionnement et leurs haines sont les mêmes que ceux des humains (les adorateurs du Grand Rat musqué cosmique ne sauraient tolérer que des peuples vénèrent le Grand Ragondin astral)! Satirique et savoureux, le propos est mis en image avec soin: physiques caricaturaux mais couleur directe, belle et nuancée, et de magnifiques pleines pages cosmiques ouvrent et ferment l’album.