Au bord d’un lac polonais, dans un lotissement de vacances désert dont il est le gardien, un vieil homme écosse des haricots lorsqu’un visiteur survient, qu’il invite à se joindre à lui. Et commence son long monologue. Sa famille ? Pendant la guerre, elle a été massacrée et brûlée devant lui. Enfant mutique, il est recueilli à droite, à gauche, se fait enfermer dans une école de redressement, devient électricien, saxophoniste, parcourt le monde… Mais que sont mémoire et temps, rêve et réalité ? Que peut-on savoir de l’homme ?
Sur un ton bonhomme, tranquille, les événements sont dévoilés peu à peu, semés d’interrogations philosophiques, d’épisodes plus détaillés ou de rencontres, le monologue se poursuivant jusqu’au bout, face à un interlocuteur invisible. Ce parti pris difficile est maintenu avec une aisance presque constante. Certains passages bouleversent par leur densité de solitude et de malheur, d’autres – la musique, l’achat d’un chapeau, les chiens… – attachent pour leur intelligence. Le visiteur, dont on ne saura rien ou presque, a certainement un lien secret avec le narrateur et ce fond mystérieux se confond avec la brume venue du lac et de la forêt où se cachent des tombes…