L’art français de la guerre

JENNI Alexis

1991 : un jeune homme regarde à la télévision des spahis français partir pour la guerre du golfe. Guerre étrange, dont on ne verra jamais les morts. Il rencontre fortuitement, à Lyon, Victorien Salagnon et se lie d’amitié avec cet homme énigmatique qui a passé sa vie à dessiner à l’encre de Chine. Artiste doué, il a fixé sur le papier personnages et paysages depuis son engagement dans la Résistance à dix-sept ans ; son destin d’officier exemplaire l’a ensuite entraîné en Indochine puis en Algérie. Après vingt ans consacrés à l’art français de la guerre, il vit désormais modestement avec la femme qu’il aime depuis toujours.

 

Le premier et long roman d’Alexis Jenni est un chevauchement dans le temps et l’espace où narrations guerrières, scènes de la vie quotidienne, analyses amoureuses, réflexions philosophiques et sociales s’entrecroisent dans une peinture saisissante. Méticulosité, perspicacité, clarté, lyrisme, virtuosité de l’écriture et profondeur de la pensée se mêlent avec un rare bonheur. On avance sur un terrain politiquement dangereux – l’usage français de la force et la poursuite de la guerre dans les banlieues – guidés par une main sûre. Certaines pages sont très dures, d’autres paisibles, toutes sont captivantes. Une réussite exceptionnelle.