Horace BĂ©nĂ©dict de Saussure est associĂ© aux « premiĂšres » du Mont Blanc. Une page dâintroduction le rappelle. Puis commence lâaventure, le voyage, lâascension du sommet mythique. La colonne des grimpeurs lourdement chargĂ©s sâĂ©tire dâabord dans les pierriers ; en tĂȘte, on reconnaĂźt Horace, catogan poudrĂ© au vent et redingote Louis XVI rouge ; son chien ferme la marche. Et on avance, lentement, entre les derniĂšres futaies, avant de rencontrer les vraies difficultĂ©s de lâexpĂ©dition : le franchissement acrobatique de ravins, les bivouacs inconfortables, les Ă -pics vertigineux,  la glace et la brume. EnfinâŠÂ Cet album grand format en doubles pages et cadrages larges  est un hymne Ă la montagne. Lâhomme y est tout petit, identifiable cependant tant est minutieux le dessin de cette troupe, encordĂ©e ou Ă©parpillĂ©e. On se plaĂźt Ă suivre chacun, Ă partager leur dangereux cheminement, leurs Ă©motions, dans des postures trĂšs expressives, saisies comme Ă la loupe. La voix du narrateur, presque redondante, se fait trĂšs discrĂšte, jalonnant sobrement lâitinĂ©raire de ces explorateurs de lâextrĂȘme.  ManiĂšre dâamener la chute du rĂ©cit que le lecteur attentif aura pressentie : le chien de Saussure a pris la tĂȘte de la cordĂ©e : câest lui qui commente, Ă peine essoufflĂ©, lâexploit humain. (C.B.)
L’ascension de Saussure
ZENZIUS Pierre