Paul, étudiant le jour, gardien dans un hôtel la nuit, est fasciné par Amélia chez laquelle tout est mystère : ses allées et venues comme les rumeurs qui l’entourent concernant un père fortuné, une mère poétesse, son indépendance inouïe… Un soir, Amélia descend le retrouver à la réception. Ils s’aimeront passionnément puis elle disparaît. Paul ignore qu’elle s’est rendue à Sarajevo à la recherche de sa mère. Dix ans s’écouleront avant que les amants se retrouvent réunis pour un temps car elle disparaitra après avoir donné naissance à une petite Louise… Dans un roman dense, parfois cruel, parfois tendre, mais jamais mièvre, Jakuta Alikavazovic évoque ce qui est perdu et ce que l’on parvient à savoir… quitte à l’inventer. Au milieu des atrocités de la guerre civile dans les Balkans, comme dans le calme trompeur d’une grande ville, elle oppose deux amants aux caractères forts mais crispés dans le genre « je t’aime moi non plus », excluant toute condescendance mais allant au bout de leurs convictions. Elle livre un texte relativement difficile à lire en raison des interpénétrations de récits et des constants allers et retours, mais l’effort consenti est récompensé par la description du cheminement de héros très typés. (J.M.)
L’avancée de la nuit
ALIKAVAZOVIC Jakuta