On dirait le sud : pins parasol, cigales, piscine, rosĂ©. Marius, 17 ans, passe ses vacances d’Ă©tĂ© chez des amis. Joueur amateur douĂ©, il participe au tournoi de tennis de la station balnĂ©aire. Il perd au premier tour contre un adulte qui joue trop vite pour lui. Ăa ne lâembĂȘte pas plus que ça : il va pouvoir suivre ses amis dans leurs virĂ©es bien arrosĂ©es. Mais quand la juge-arbitre lui demande de remplacer un joueur forfait au deuxiĂšme tour, il nâose pas refuser.
Lâauteur fournit fort peu d’indices sur lâhistoire de son personnage principal et narrateur avant cet Ă©tĂ©-lĂ , celui de son entrĂ©e dans l’Ăąge adulte. La dramaturgie, singuliĂšre, Ă©pouse celle de la progression de Marius dans le tournoi. C’est ce qui fait naĂźtre et excite la curiositĂ©, l’envie de deviner, jusqu’Ă la derniĂšre balle jouĂ©e. Marius est touchant dans sa solitude assumĂ©e, Ă la recherche de lui-mĂȘme (il n’y a encore que sur le court qu’il se reconnaisse un peu : tranquille, observateur, concentrĂ© et mĂ©thodique, comme dĂ©tachĂ©), ne faisant confiance Ă personne, se mĂ©fiant de ceux qui, mĂȘme avec tact, l’encouragent. Comme son hĂ©ros, Thomas AndrĂ© nâen fait jamais trop. Juste ce qu’il faut, mais Ă fond. Cette apparente retenue dans la construction comme dans lâĂ©criture crĂ©e une tension tranquille et un charme Ă©trange qu’on a envie de retrouver trĂšs vite dans un second roman. (T.R. et A.-M.D.)