Fanny est atteinte d’une maladie qui la rend sourde et, en défi à ce handicap inéluctable, cette battante décide d’apprendre la musique, même si le temps lui est compté. Son métier est celui de sage-femme et c’est en accouchant une jeune femme, Aurélie, qu’elle a rencontré Louis, malheureux beau-frère égaré là pour cause de disparition accidentelle du jeune père. Il est professeur de piano et un contrat s’installe entre eux : la révélation de la musique avant le monde du silence contre le récit de toutes les naissances qu’elle a accompagnées. Un travail de deuil contre une vie qui naît.
Le pari était risqué : l’approche ingrate, technique, dans la souffrance, de la musique pouvait lasser et la plongée dans un monde de douleurs et de sang frôler l’impudeur et le voyeurisme. On oubliait que la poésie et l’amour, portés par une langue forte et sensuelle, peuvent transfigurer un récit. Le baiser dans la nuque est le premier roman prometteur d’Hugo Boris.