Après le suicide de Carl Schors, peintre américain autrefois célèbre, à Saint-Paul-de-Vence, son fils Josh, concepteur et animateur à Chicago d’une émission de téléréalité à succès, tente de retracer son arbre généalogique compliqué. La découverte d’un portrait, signé Otto Dix, de Theodor Grenzberg, grand ami de Klee et père biologique de Carl, dans la collection d’un marchand d’art peu scrupuleux, met à nu des secrets de famille soigneusement enterrés. Dans ce foisonnant ouvrage en deux parties distinctes, Yannick Grannec (La déesse des petites victoires, NB octobre 2012) analyse avec la même finesse l’Amérique contemporaine et l’entre-deux-guerres en Allemagne. Elle dissèque tout d’abord les mécanismes conduisant au règne de la téléréalité. Ensuite elle brosse un remarquable tableau des grands courants artistiques avant-gardistes des années 1920-1930, des idées révolutionnaires du Bauhaus, du marché de l’art, des années folles à Berlin, de la montée du nazisme et de la spoliation des oeuvres d’art par le régime. Chaque chapitre est raconté à travers les écrits d’un personnage réel ou fictif, illustré par le nom d’un tableau. D’une écriture fluide et sensible, ce roman original, extrêmement documenté, est passionnant de bout en bout. (S.D. et M.S.-A.)
Le bal mécanique
GRANNEC Yannick