Une subvention fortuite permet à David de débarquer dans les Deux-Sèvres pour finaliser sa thèse sur la vie à la campagne au XXIe siècle. Il quitte Paris et sa petite amie pour s’installer en décembre à la Pensée Sauvage, dépendance d’une ferme. Il découvre solitude, froid et isolement. Introduit par Martial, maire et fossoyeur, il fréquente le Café-Épicerie-Pêche, centre du village. Ses recherches avancent lentement, au rythme de la saison.
Du journal d’étudiant qui se tourne en dérision au récit de la vie du village, l’imagination de l’auteur n’a pas de limite et nous entraîne loin dans le temps, chaque habitant se réincarnant dans un personnage ou un animal, ce qui permet d’incroyables digressions sur l’histoire, la politique, la poésie ou la philosophie. Le fameux banquet des fossoyeurs, réuni justement dans la région, permet de parler de la Mort, qui pendant trois jours laisse les ripailleurs à leurs activités : boire, manger et argumenter. Rabelais, natif des lieux, n’est jamais loin. Mathias Enard (Boussole, Les Notes septembre 2015) aborde la ruralité avec respect, admiration et émerveillement. La richesse de ses connaissances, la variété de son vocabulaire vert et imagé, ses longues phrases descriptives étourdissent le lecteur tout en forçant son admiration. (M.-P.R. et C.-M.T.)