Un homme, aveugle et sans domicilie fixe, devant un bâtiment de cinq étages, couronné de fils de fer barbelé. À l’intérieur, des pierres grises et humides, une grande salle de tortures. Un choeur d’enfants des rues, une prisonnière, un prisonnier. Leurs gémissements et leurs cris. Retour à l’extérieur après une libération. Dans ce récit qui s’apparente plus à un poème en prose, une chanson funèbre ou même un morceau de musique, Asli Erdoğan, jeune romancière turque (Les Oiseaux de bois, NB janvier 2010), défenseur des Droits de l’homme, décrit le monde carcéral de son pays. Une chape de solitude, de silence, d’humiliations, de sang, de peur et de mensonges, s’est abattue sur le genre humain. L’auteur sonde les tourments d’êtres humains qui, réduits à leur propres fantômes, dans une atmosphère étouffante, sont à la recherche de la vérité. Les mots sont un moyen de s’accrocher à la vie. Après la nuit vient toujours l’aube. Mais le style, parfois trop recherché, nuit à la compréhension du récit et au charme de la mélopée.
Le bâtiment de pierre
ERDOĞAN Asli