Au XVIIe siècle à Raydah au Yémen, Salem, le fils analphabète d’un artisan juif et Fatima, la fille du Mufti, font connaissance dans une société où juifs et musulmans entretiennent des relations de courtoisie et de tolérance. Fatima, éduquée et plus âgée, apprend l’arabe au jeune Salem, et leur relation, sur laquelle leur entourage semble fermer les yeux, est sublimée par l’étude. Ils s’enfuient néanmoins à Sanaa, car le mariage est impensable. Plus tard, le fils né de cette union sera lui aussi rejeté.
Un roman très poétique d’un grand spécialiste de la littérature ancienne arabe, dont la parution très controversée illustre la difficulté à écrire, en dépit de l’honnêteté intellectuelle incontestable d’Ali Al-Muqri, sur l’aveuglement criminel des grandes religions. La forme très classique du récit s’appuie sur des destins individuels au sein de communautés aux règles religieuses strictes, rappelant d’autres personnages tragiques légendaires. La lecture de ce roman au réalisme intemporel peut êtrepoétique, philosophique ou politique selon le regard de chacun.