Le beau visage de l’ennemi

LÉPRONT Catherine

Alexandre T. est un vieil homme quand Ouhria, une jeune AlgĂ©rienne, mĂ©decin Ă  l’hĂŽpital Saint-Joseph, force sa porte pour lui montrer une photographie oĂč il figure Ă  cĂŽtĂ© de son grand-pĂšre Driss, dans un village perchĂ© de Grande Kabylie, au temps des « ÉvĂ©nements ». Elle veut savoir si c’est vraiment lui, le militaire, chef du village des femmes et des harkis, qui a causĂ© sa mort en le dĂ©nonçant. Alexandre T. n’a jamais Ă©tĂ© un combattant, il ne va pas lutter contre Ouhria pour lui prouver que Driss et lui Ă©taient amis malgrĂ© la guerre. Il va lui montrer des portraits qu’il a faits de Driss autrefois… et rĂ©flĂ©chir Ă  l’amitiĂ©, la haine, la mĂ©moire, la grande Histoire face aux petits destins


 

Catherine LĂ©pront ne juge pas, elle observe, tourne autour de ses personnages pour capter les facettes de leur personnalitĂ©. Écrivaine exigeante, elle creuse son sujet dans tous ses replis. Pour traduire les cahots de la pensĂ©e, elle compose de longues phrases sans ponctuation, au plus prĂšs du style parlĂ©, dĂ©laissant un sujet pour y revenir un peu plus loin en l’abordant sous un angle nouveau. Dans Esther MĂ©sopotamie (NB fĂ©vrier 2007), elle avait dĂ©jĂ  fait la preuve de cette finesse d’analyse que l’on retrouve ici.