En Alaska ou en Californie, ce sont les mêmes familles américaines. Des parents qui s’aiment ou se détestent, se suicident parfois. Et un jeune adolescent qui regarde, écoute, s’interroge, pêche, chasse avec son père et s’habitue à ses épouses successives. Un père offre une carabine avec laquelle, accédant à la virilité requise, le fils abattra les écureuils ; et explosera portes et fenêtres…. Partout la nature est là, excessive, sauvage, la forêt et son gibier, la mer et ses poissons. Une seule de ces nouvelles s’écarte de ce schéma et décrit une cérémonie funéraire horrifique.
Davis Vann (Un poisson sur la lune, Les Notes mars 2019) évoque avec un talent glacé ces vies ordinaires, rudes, parfois violentes, qu’illuminent quelques éclats de bonheur. Les dialogues animent une narration adroitement ménagée. Le célèbre « American way of life » se stéréotype en un tableau singulier où l’usage des armes à feu, accessoires obligatoires, et où la fréquentation du temple ou de l’église coexistent. La femme, désirable et lointaine, reste une créature mystérieuse et l’homme, vulnérable , se conforme tant bien que mal au modèle obligé. Le narrateur adolescent, observateur sensible et clairvoyant des adultes, décrit le présent avec une froide objectivité, explore le passé, tragique parfois. La perfection formelle accompagne partout la qualité des thèmes. (M.W. et C.-M.T)