Elle a remis sa petite robe noire qui la gratte et court vers la gare de Wimbledon. Elle est nerveuse. Imaginez quâelle arrive en retard aux obsĂšques du cĂ©lĂšbre critique musical de la TV ! Il Ă©tait son amant secret depuis tant dâannĂ©es, mort dâune apnĂ©e du sommeil sans mĂȘme la prĂ©venir. Quelle idĂ©e aussi dâavoir acceptĂ© de jouer lâIntermezzo n° 2 de Brahms alors quâau faĂźt de sa gloire de concertiste, elle avait tout arrĂȘtĂ© depuis des annĂ©es. Pendant le trajet en mĂ©tro qui la sĂ©pare de lâĂ©glise dâHolborn, son esprit vagabonde.  Avec Septembre, (NB janvier-fĂ©vrier 2015) Jean Mattern racontait les souvenirs dâun certain SĂ©bastian, grand journaliste, probablement ici le mari qui semble tenir peu de place dans le lit de cette cĂ©lĂšbre pianiste surnommĂ©e « la Greta Garbo » du piano. Ăperdue dâamour, les souvenirs de son amant se bousculent dans sa tĂȘte. Elle soliloque tout au long de son parcours ne reprenant jamais son souffle alors quâelle Ă©touffe dans sa robe trop chaude et ces wagons surencombrĂ©s. Pour illustrer cet enfermement, lâauteur nâoctroie que huit paragraphes Ă cet opus, court il est vrai, mais dĂ©bordant de sensualitĂ©. (C.-M.T. et P.L.)
Le bleu du lac
MATTERN Jean