En ce mois de décembre enneigé, Charlotte, 12 ans, a un coup de blues. Ses deux meilleurs amis, Nina et Rafaël, filent le parfait amour et elle se sent seule. Elle aimerait se faire de nouveaux amis, mais comment ? Elle décide de créer son propre blog, en l’illustrant de recettes au chocolat – ses parents sont chocolatiers. Impatiente, Charlotte guette les premières réactions. Bientôt, un certain Sandro se manifeste ; en guise de photo, il a mis une rose. Il déclare avoir son âge, aimer les mêmes choses qu’elle. Émue et excitée, l’adolescente passe de plus en plus de temps à discuter avec lui, délaissant un entourage qui lui semble bien fade à côté de cette relation qu’elle imagine privilégiée. Elle s’isole même de ses parents, très occupés en cette période de Noël. Quand Sandro lui révèle qu’il fait partie d’une communauté secrète, elle rêve d’en devenir membre. Mais pour cela, il va lui falloir relever des défis très, très dangereux…
À la légèreté bienveillante du Blog de Nina (NB octobre 2017), où la communication virtuelle facilitait les contacts, succède un opus plus sombre. Inspiré de faits divers, ce deuxième album met en lumière certains dangers liés à Internet, quand des individus mal intentionnés s’attaquent à des jeunes fragiles. Les extraits des échanges entre le « prédateur » Sandro et la naïve préadolescente montrent les techniques de manipulation de type sectaire utilisées pour appâter la victime, l’isoler de son entourage et enfin la pousser à commettre l’irréparable. L’évolution psychologique de Charlotte est montrée de façon crédible et intelligente: l’envie qu’elle ressent devant ses amis amoureux, son désir d’être « spéciale » pour quelqu’un, sa mise sous influence. La BD alterne vignettes classiques, discussions en ligne et, petit plus pour les gourmand(e)s, les recettes au chocolat publiées. Le dessin de Grégoire Mabire met en scène des jeunes adolescents attachants dans un univers campagnard doux et chaleureux, illustrant que personne n’est à l’abri du risque. Cette BD attrayante et facile à lire est à recommander car elle permet de faire passer le message avec subtilité. (J.G. et M.D.)