Le blues des petites villes

CHIARELLO Fanny

Dans la cour du collĂšge, Sidonie a vite fait de cataloguer dĂ©daigneusement ses congĂ©nĂšres. Elle se sent si diffĂ©rente ! DiffĂ©rente aussi, RĂ©becca, intelligente et attentionnĂ©e, gagne, non sans mal, le coeur de sa farouche compagne. Entre ces deux adolescentes entiĂšres naĂźt une amitiĂ© passionnĂ©e, exclusive, fusionnelle. Et des rĂȘves d’avenir plein les yeux. Les lieux : une petite ville du Nord, marquĂ©e par son passĂ© minier, dont les terrils sont le lieu de rendez-vous des deux jeunes filles Ă©prises de blues ; une communautĂ© scolaire cruelle comme peuvent l’ĂȘtre des adolescents, conformistes certes mais aussi blessĂ©s dans leurs repĂšres, qui ne savent rĂ©agir qu’en plaisanteries graveleuses. Des familles prises au dĂ©pourvu, des adultes aux rĂ©actions contrastĂ©es, tel est l’arriĂšre-plan, un peu convenu, un peu dĂ©monstratif mais plausible, de cette idylle tendre et parfois vĂ©hĂ©mente qui s’impose comme une Ă©vidence aux deux jeunes filles. Elles dĂ©couvrent l’amour avec le mĂȘme naturel, la mĂȘme innocence qu’en d’autres lieux un garçon et une fille. “Parce que c’était elle, parce que c’était moi” : ce roman Ă  l’écriture pudique n’est ni un plaidoyer en faveur des amours homosexuelles ni leur condamnation ; il dit avec simplicitĂ© le naturel et la force romantique d’une passion adolescente. Un beau roman qui peut faire Ă©cho aux prĂ©occupations sociĂ©tales d’aujourd’hui.