Dans les années 1940, Stephen, cinquante ans, pasteur anglican, revient dans son village natal, Sawgamet, dans le grand ouest canadien où sa mère se meurt. Tandis que ses proches l’accompagnent vers la mort, lui-même se remémore l’histoire familiale jalonnée de drames : son grand-père chercheur d’or et sa femme Martine, son père coupeur de bois, le flottage des grumes, les noyades, les incendies, les tempêtes de neige…
Dans ce récit réaliste, premier roman d’Alexi Zentner, interviennent ici et là des créatures fantastiques, qui semblent personnifier « les bois », la forêt nordique immense autour de Sawgamet, et surtout la mauvaise volonté de cette nature sauvage envers les hommes qui cherchent à y vivre. On prend à première vue l’auteur pour un écrivain américain des « grands espaces », ayant choisi pour sujet l’homme dans la nature. L’intervention de sorcières et autres revenants dans la destinée des héros entraîne plutôt le lecteur vers la légende. La narration est compliquée par de constants allers et retours entre les époques. On apprécie le style, puissant, comme la splendide et meurtrière nature que l’auteur décrit.