Une nouvelle région, une nouvelle maison, un nouveau lycée, mais toujours le même prénom encombrant, source de dérision – Albertin – et le même père, autoritaire, hypocondriaque, fatigué. Les notes qui dégringolent, les camarades qui se moquent. Jusqu’au jour où débarque de nulle part un soi-disant ami du père dans sa voiture rouge. À partir d’un mince scénario, l’auteur (La chance que tu as, NB octobre 2014) construit une tragicomédie en trois actes, avec trois personnages sans passé et un arbre, sur les rapports chaotiques entre un père démissionnaire et son fils qui le cherche, se cherche et ne se trouve pas non plus dans l’ambiance d’une classe de première ES. Le troisième protagoniste, réel ou imaginaire mais providentiel, en prenant la place du père défaillant, déstabilise le lecteur qui pourtant n’en est plus à un paradoxe près. Tout dans ce huis clos loufoque aux phrases courtes et hachées, où la tendresse cohabite avec la cruauté, bouscule les codes. Ce mélange des genres est séduisant. Un livre court et déconcertant. (C.-M.T. et S.L.)
Le bon fils
MICHELIS Denis