Le Bonheur attrapé par un singe

GRUNBERG Arnon

Jean-Baptiste Warnke, numéro deux de l’ambassade néerlandaise à Lima, s’émerveille de son bonheur. Tout y concourt : épouse, enfants, maison, climat, travail. Warnke sait qu’il est pratiquement payé à ne rien faire. Le pays et ses habitants l’intéressent peu, il se contente de rassurer, apaiser, enjôler, et d’éviter tout trouble. Homme d’habitude, il se rend chaque jour à un café proche, y lit le Newsweek et fait cirer ses chaussures. Là il rencontre, par hasard croît-il, une jeune Péruvienne, Maléna, et le bel ensemble va s’effondrer.  Au départ, le ton joyeusement iconoclaste est réjouissant. La mésaventure de Warnke, benêt satisfait et suffisant, dénué de la moindre imagination, croyant conduire les événements alors qu’il en est le jouet, est vue à sa façon. Le monde des ambassades avec ses projets grandioses et inutiles, est largement égratigné. Si l’écriture est légère, on y retrouve, au fil des pages, la dérision habituelle à Arnon Grunberg (cf. Le Messie juif, NB octobre 2007). Sa forme d’humour peut mettre mal à l’aise certains lecteurs ou, prise au second degré, en ravir d’autres.